21/06/2008

Tribulations métropolitaines

Chers amis, cela fait bien longtemps maintenant que je ne vous ai pas parlé de ma ligne favorite.
Mais quand il n'y en a plus, il y en a encore, c'est bien connu.

Pour les petites nouvelles et pour ceux qui n'étaient pas au courant, la ligne 13 s'est agrandie de 2 nouvelles stations sur la branche d'Asnières Gennevilliers. La population touchée par ce prolongement est très contente. C'est sur que maintenant toutes les personnes du nord d'Asnières et du sud de Gennevilliers vont pouvoir aller sur Paris avec beaucoup plus de facilité. Cela va également dynamiser le quartier qui a d'ailleurs subit un lifting complet. C'est plutôt joli :P

Le seul problème qui est hélas bien connu, c'est que la ligne 13 est complètement saturée. Si des moyens ne sont pas rapidement mis en place pour la désengorger, cela va devenir parfaitement invivable.

Il faut savoir qu'il y a eu une inauguration et attention, ils n'avaient pas fait les choses à moitié.
Je vous laisse admirer par vous même. C'est par là.

Bref pour en revenir à ma chère ligne, hier, je l'ai empruntée 5 fois. Oui oui les amis 5 fois :P

Alors autant ces derniers jours, la ligne 13 semblait jouir d'un état de grâce la préservant des millésimes Guiness Recordiens, autant aujourd'hui ce fut une très bonne cuvée.
Je ne dis pas qu'elle était pas chargée les jours précédents, mais elle l'était sans plus ... pas plus qu'ailleurs quoi : donc environ 30 cm d'espace entre chaque personne. Normal en bref.

Hier matin, après diverse péripéties, je pars un peu en retard mais rien de bien méchant. J'arrive sur le quai de Gabriel Péri et là je me dis en mon fort intérieur : on va en chier.
En effet, le quai n'est pas bondé, non certes pas, mais il y a quand même du peuple.
Rappelez vous, nous ne sommes plus terminus :P
Le métro arrive ... il y a déjà beaucoup de monde debout. Hmm hmm
Nous montons et déjà les effets de la proximité se font ressentir. J'ai oublié de préciser que je suis accompagnée de ma guitare, donc les marges de manœuvres sont plutôt réduites.
Le train repars. Station suivante : Mairie de Clichy. La foule s'engouffre dans la rame. Et pouf par magie, le train est à capacité.

Voici donc la position que j'ai tenu pendant les 10 minutes qui me séparaient de mon arrêt. Heureusement, c'est pas très long. Mais je peux vous assurer que dans ces cas là, le temps paraît excessivement plus long.
Je suis accrochée par la main droite à une barre mais je ne la vois pas (ma main, pas la barre lol). Ma main gauche retient et protège le haut de mon manche de guitare dont j'ai coincé l'étui entre mes jambes pour faire un gain de place.
Mon œil droit est caché par un bras qui vient d'un monsieur légèrement sur ma droite et derrière moi. Un autre homme est collé contre mon côté droit, son bras recouvre quasiment le mien en entier. Donc bon grosso modo, je vois mon épaule et mon bras disparait dans la jungle. Dans mon dos, il y a une dame avec un sac qui lui permet d'avoir 30 centimètres de jeu pour respirer convenablement. A ma gauche, il y a un grand gars dont le bras me passe au dessus de ma tête et une dame plus petite qui s'encastre parfaitement entre deux personnes et dont le bras jaillit pour agripper la barre sur laquelle tout le monde essaye de se retenir car hélas nous ne sommes pas encore assez nombreux pour tenir debout par simple compression. Mais ça ne saurai tarder, je vous rassure.

Sur toutes les stations suivantes, le chauffeur a eu du mal à refermer les portes. Je passerai donc sur l'éternel : "veuillez ne pas gêner la fermeture des portes."

Passons directement à Brochant qui est le deuxième point noir de cette branche de métro et rappelons que nous sommes déjà à capacité.
Par un grand miracle que je ne saurai vous expliquer, tous les gens sur le quai arrivent à monter. Bon il y a bien quelques descentes, mais globalement le score monte.

Faisons une pose vocabulaire :
[ouvrons la parenthèse]
Le taux de remplissage d'un métro est dit convenable quand il ne dépasse pas 4 personnes au mètre carré. C'est la norme. Donc une rame de métro est remplie à 100% quand nous atteignons cette limite. Je vous laisse faire un petit travail d'imagination pour vous représenter 4 personnes réunies sur un joli mètre carré de sol plastifié de métro. Et je vous laisse maintenant fustiger les personnes X qui ont pondu une telle norme.

Quand je parle de "train à capacité", c'est très subjectif et cela ne suit pas à la règle précédemment citée bien entendu. Un "train à capacité" a déjà dépassé le taux de remplissage de 100%.
Ce dépassement se formalise quand l'idée fugace d'être un morceau de viande dans un papier d'emballage trop serré vous traverse l'esprit.
Voici un indice moins personnel que votre esprit végétatif aura tôt fait d'analyser pour savoir quand le dépassement à lieu. C'est très simple ...
Le dépassement est caractérisé par des sons étouffés ressemblant à des gémissements. Ahh mais suis-je bête ... ce sont des gémissements. Ce sont des "hmm" implorants qui ne peuvent être retenus plus longtemps parce qu'être écrasé entre plusieurs personnes ça n'est pas agréable et c'est suffocant, mais quand la pression augmente, et bien, ça fait mal.
[fermons la parenthèse]

Or donc, présentement nous sommes dans cet état. Quelques soupirs, quelques gémissements, quelques "désolé" et quelques "c'est pas grave" ponctuent l'attente très silencieuse.

De mon côté, je m'en sors bien grâce à la dame derrière moi qui, avec son sac, me permet d'avoir un peu d'espace dans le dos. Je ne peux plus bouger mon bras gauche sans faire mal à quelqu'un. Je ne peux pas retirer mon bras de la barre parce qu'après je ne saurai plus où le mettre vu qu'il m'est impossible de le ramener le long de mon corps. Je peux tourner la tête que de 30 degrés sur la gauche, car un autre bras à fait son apparition. Je ne peux plus bouger mes pieds et je ne suis plus tout à fait droite. Je m'appuie donc lamentablement sur le bras qui camoufle mon œil droit et le monsieur qui me jouxte.
La dame toujours encastrée a migré un peu plus loin car elle a été poussée par la masse. Elle semble avoir une fuite au nez (^^) ce qui est toujours très délicat dans ce genre de situation, vous en conviendrez. Une personne qui a encore un bras valide et un accès à une poche ou un sac quelconque lui glisse un mouchoir dans la main.
- "Tenez"
- "Ah merci!!"
Elle colmate la fuite en attendant un mouchage express quand elle en aura l'occasion.

Un monsieur en face de moi est écrasé sur la barre, il nous écrase également les mains mais il ne peut rien y faire. Il souffle à chaque mouvement un peu trop brusque du métro, ce qui n'a rien d'étonnant car nos articulations de mains lui rentrent dans les côtes à chaque accoup.

Nous passons "La Fourche" où quelques échanges sommaires de contenus ont lieu et nous arrivons doucement à "Place de Clichy" où nous n'avons rien à envier aux marrées d'équinoxe.
Je lâche la barre et tente de replier le bras pour dégager ma guitare. Le bras qui me bloquait la vue relâche sa prise également. Je peux à nouveau tourner la tête. J'en profite donc pour faire un état des lieux et essayer de déterminer qui va descendre, bien que je sache que 80% de la rame va se vider. J'abandonne rapidement l'idée de pivoter pour contourner la barre, car je n'arrive pas à bouger mes pieds de plus de 5 cm.
Finalement le métro s'arrête, les "excusez-moi, je descends", les "pardon" fusent. Les personnes sur le quai forment un goulot d'étranglement et ont la mine soucieuse. Car c'est un concours de vitesse. Et le but c'est que tout le monde gagne : ceux qui sont dedans, comme ceux qui sont dehors, mais rien n'est moins sur.
J'ai d'ailleurs bien cru que je n'arriverai pas à descendre, j'ai même jeté un coup d'œil désespéré au plan de la ligne pour voir où je pourrai faire le changement le plus rapide. Mais finalement, un mouvement inattendu du monsieur qui me bloquait sur la droite m'a permis de me glisser vers la sortie et le mouvement de foule a fait le reste.

Alors que je m'engageai dans l'escalier, j'ai eu une petite pensée pour les 20% qui sont restés dans la rame et qui on eu entre 15 et 20 secondes pour respirer un grand coup, se détendre, bouger un peu et essayer de trouver la prochaine position optimale pour le chargement en cours.
Car la rame se remplit a nouveau dans les même proportions.
Je me dépêche d'atteindre la ligne 2, dans laquelle je trouve une place assise ...

Mes quatre autres trajets sur la ligne cette même journée furent beaucoup plus agréable fort heureusement. Bien qu'à mon avis si j'avais pu continuer mon trajet sur mon départ de 19h dans le sens Asnières-Paris, je pense que j'aurai eu une surprise se rapprochant dangereusement de ce que j'avais eu le matin.

C'est sur ces bonnes paroles que vous vous laisse.
Je pense que vous m'entendrez encore parler de la ligne 13 c'est certain ^^

Bises à tous.

5 commentaires:

chri a dit…

oh, chuis prem's !!
Encore une fois, très bien raconté :)
J'adore "l'échange de contenus" et le "le but est que tout le monde gagne" :)

Sinon, trop drôle : tu ouvres et fermes des parenthèses avec des crochets :D :PP

thilde a dit…

Oui oui, j'aime bien faire des choses originales :P

Tif' a dit…

Non, moi c'que j'adore ce sont les mesures centimétriques ainsi que la sensation de claustrophobie qui se dégage de la description de l'état de Thilde : elle ne peut ni bouger ni regarder, seul le touché transparait.
Une expression aussi que j'aime bien : "où nous n'avons rien à envier aux marrées d'équinoxe".

XD

Anonyme a dit…

Moi aussi j'ai bien apprécié, et c'est une ancienne usagère de bus qui a eu un jour la barre du bus décalquée sur la joue droite qui te le dit. Mais chère nièçotte, un bon dentifrice au roquefort dès le matin pourrait quelque peu t'assurer un espace confortable et néanmoins serein lors de tes prochains voyages sur la ligne 13, mieux, je te suggère un bourssin à l'ail un peu dépassé. Il t'apporterait un rabiot de place non négligeable.
Je n'irais pas te proposer d'avaler des cassoulets ou de la choucroutte la veille au matin, car je sais que tu as une bonne éducation et que tu ne te laisserais jamais aller à lacher la ventilation dans un endroit exigü.
Bisous

Anonyme a dit…

Un fumet d'aileron bien placé peut assurer quelques centimetres autour de toi. Il s'agit de courrir un cent mètres sans déo et sans douche . Ensuite arriver tout dégoulinant dans le métro , faire bien macérer et lever ostensiblement les bras sous le nez des compressés. Effet garanti, l'auréole est de rigueur, c'est du plus grand chic !!!

maman