27/07/2013

L'éclair

L'air était lourd, épais, chargé de cette humidité collante dont on ne peut se défaire. L'odeur si particulière de la pierre et de la terre chatouillait mes narines. Au dessus de moi, la menace prenait forme. Elle s'amoncelait grise et inquiétante, sillonnée par les silhouettes fugaces des oiseaux et de leurs piaillements frénétiques. Plus loin dans la rue, se détachait du ciel assombri la forme robuste de la cathédrale. 
Soudain, une fraicheur inattendue agita l'air. Tous les signes annonciateur de l'orage à venir étaient là. Je frissonnais d'anticipation.
Mes pas se précipitaient inconsciemment et mon regard s'accrochait de plus en plus souvent à cette chape sinistre qui voilait le ciel.

Dès lors que je pénétrai chez moi, les battements de mon cœur se calmèrent. La sécurité des murs et du toit me rassérénaient. Très loin le grondement sourd commença à se faire entendre. Mais il se rapprochait, poussé par le vent et les reliefs.

Peu de temps après, les premiers éclairs déchiraient les cieux teintés à présent de gris bleuté et de jaunâtre. Assise à la fenêtre, j'admirais le spectacle. Le vent se renforçait de minute en minute et la pluie finit par tomber à grosses gouttes. Les coups de tonnerre s'intensifièrent.
Lorsque soudain, un éclair plus brillant que les autres se grava sur ma rétine. A peine le temps pour moi de cligner des yeux que la déflagration s'imprima dans tout mon corps.
Ce bruit d'une force incroyable semblait capable de briser la pierre : c'était un craquement terrifiant, un fracas assourdissant, une clameur de tempête. La détonation m'avait laissée abasourdie et à chaque réplique, je pinçai d'avantage les lèvres et me repliai un peu plus sur ma chaise. A chaque éclat un peu plus brillant que les autres, je craignai que la secousse initiale ne me frappât de nouveau. 
C'était un évènement magnifique et terrible à la fois : un son flamboyant, un martèlement arythmique fracassant l'impalpable, un éclat qui donnait une tangibilité à l'air... J'avais les yeux écarquillés de stupeur et d'émerveillement.
Quel étrange sentiment était-ce là? Une fascination mêlée d'angoisse... Une peur ancestrale...
Je ne pus m'empêcher de songer aux premiers hommes blottis dans leurs cavernes, contemplant la fureur des cieux. A quoi pensaient-il?

Puis la menace se fit plus sourde et distante. Elle s'éloignait enfin. La tension me quittait progressivement et je pouvais enfin apprécier la fraîcheur et l'odeur légèrement piquante qui flotte dans l'air après l'orage. Sereine ...

2 commentaires:

Tif' a dit…

C'est une thérapie que tu nous fais là ? ;)

thilde a dit…

Lol, je n'y avais pas songé en l'écrivant, mais pourquoi pas :D